L’infirmier qui façonne l’hôpital de demain
Depuis son plus jeune âge, Mattias a baigné dans l’univers hospitalier. Fils d’une cadre diététicienne et d’un technicien des services de maintenance, il découvre très tôt les rouages de cet environnement complexe et exigeant.
Étudiant, il multiplie les jobs d’été dans les Hospices Civils de Lyon (HCL), alternant entre restauration et entretien, avant d’obtenir son diplôme d’infirmier en 2010. Sa carrière débute en réanimation, où il exerce pendant six ans. Une expérience formatrice mais frustrante, notamment face à des décisions imposées sans consultation, sur un matériel pourtant crucial. Ce besoin d’autonomie le pousse à explorer d’autres horizons : il quitte l’hôpital pour former des infirmiers libéraux à l’utilisation de pompes à perfusion. Une aventure d’un an seulement, car trop éloignée de sa vocation première.
Retour aux sources
Mattias revient ensuite au Tonkin, en service d’hémodialyse, découvrant les spécificités des pathologies chroniques. Puis, l’expérience libérale l’attire à nouveau. Pourtant, après deux ans, il se heurte à la lourdeur administrative, qui occupe davantage ses journées que les soins eux-mêmes. En 2019, une opportunité se présente : rejoindre le service des urgences de la Croix-Rousse, avec des horaires étendus à 24 heures. Mattias y trouve un rythme intense et est rapidement mobilisé en réanimation pendant la crise Covid. Mais ce n’est pas la fin de l’histoire : une proposition inattendue bouleverse son parcours.
Un message pour ses collègues
A ceux qui hésitent à se lancer dans des projets d’envergure, il lance un appel : « Foncez, c’est enrichissant. Mais il faut être prêt à sortir de ses habitudes et à rencontrer des dizaines de personnes, dans des univers très différents. »
Pour Mattias, moderniser l’hôpital est plus qu’une ambition : c’est une mission. Et il est prêt à y consacrer toute son énergie, pour que demain, l’hôpital soit perçu non plus comme un problème à surmonter, mais comme un lieu où l’on se sent accueilli et soutenu.
Le tournant du projet Fluence
Lorsqu’on lui offre un poste clé dans le cadre du projet Fluence, visant à moderniser l’hôpital grâce à des technologies innovantes, Mattias dit « oui » sans hésiter. Ce défi dépasse le soin direct : il s’agit d’imaginer et de concevoir les outils du futur, en collaboration avec des start-ups et des industriels.
Son expérience d’infirmier est un atout majeur. « Je crée les outils que j’aimerais utiliser moi-même », explique-t-il. Qu’il s’agisse de bracelets connectés pour les patients ou d’interfaces pour les soignants, il veille à ce que chaque innovation réponde aux besoins réels du terrain.
Cependant, les obstacles sont nombreux : luttes d’influence, contraintes budgétaires, consultations syndicales, et un décalage culturel avec le monde industriel. Mattias doit apprendre à dialoguer avec des interlocuteurs divers, parfois éloignés du langage médical. Mais son appétence pour la technologie – héritée d’une enfance marquée par des parents avant-gardistes – l’aide à surmonter ces défis.
Une vision pour un hôpital réinventé
Ce qui motive Mattias, c’est une profonde volonté de transformer l’image de l’hôpital. « Aujourd’hui, venir à l’hôpital est souvent vécu comme une épreuve : inconfort, personnel débordé, matériel vieillissant. Je veux que cela change. »
Inspiré par des visites, comme celle d’un service palliatif à Londres ou d’un bar à vin intégré au CHU de Clermont-Ferrand, il rêve d’un hôpital réhumanisé. « Redonner de l’envie, même dans des moments difficiles, c’est essentiel », affirme-t-il.
Malgré les épreuves, Mattias ne regrette rien. Ce projet lui a ouvert de nouvelles perspectives : peut-être une carrière dans l’innovation en santé, où il pourrait continuer à concilier valeurs personnelles et modernisation du service public.
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